Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Quoi ?!

  • : Le blog de moi !
  • : Voici mon journal de bord... (je ne peux pas changer l'adresse du blog)
  • Contact

Recherche

12 août 2023 6 12 /08 /août /2023 17:04
Il existe des espèces capables de se reproduire sans fécondation : l'ovule peut se diviser tout seul pour produire de nouveaux individus, chez des serpents et des lézards comme le varan de Komodo, des insectes comme les pucerons et les abeilles et même parfois chez les dindes et les requins.
 
~ in ReSisters de Jeanne Burgart Goutal et Aurore Chapon
 
ReSisters / Ecoféminisme / Jeanne Burgart & Aurore Chapon – Pigraï ...
Partager cet article
Repost0
14 août 2022 7 14 /08 /août /2022 17:00
Parfois, quand j’entre dans une pièce ou que j’emprunte une rue familière, je vois une ancienne version de moi-même venir à ma rencontre. Elle ne peut pas me voir dans l’avenir, mais moi, je la vois très clairement. Elle me dépasse d’un pas pressé, inquiète à l’idée d’être en retard à un rendez-vous où elle n’a pas envie d’aller. Elle est assise à une table de restaurant et verse des larmes de rage en se disputant avec un amant qui n’est pas pour elle. Elle avance à grandes enjambées dans ma direction, vêtue des jeans et des bottes en cuir lie-de-vin qu’elle a portés pendant une décennie, et je me souviens de la sensation exacte de ces bottes à mes pieds. Elle se tient dans la salle de réunion d’un journal avec le genre d’hommes de pouvoir qui savent le mieux saper sa confiance en elle, essayant de les persuader de soutenir un projet de loi dont les femmes ont terriblement besoin – en vain. Elle est un fantôme dans le couloir d’un bâtiment de bureaux qu’elle et les autres femmes de "Ms. Magazine" ont arpenté pendant tant d’années. Elle se précipite vers moi à la sortie d’une salle de conférences, parlant, riant, débordant d’optimisme.
 
Longtemps, elle m’impatientait. Pourquoi perdait-elle tout ce temps? Pourquoi était-elle avec cet homme? à ce rendez-vous? Pourquoi oubliait-elle de dire la chose la plus importante? Pourquoi n’était-elle pas plus sage, plus productive, plus heureuse? Mais, ces derniers temps, j’ai commencé à ressentir de la tendresse, une accumulation de larmes à l’arrière de ma gorge, quand je la voyais. Je me dis: "Elle fait de son mieux. Elle a survécu – et elle se donne tellement de mal." Parfois, je voudrais pouvoir revenir en arrière et la prendre dans mes bras. Depuis que j’ai ressenti ce désir, j’ai aussi remarqué que ses différentes images commençaient à se réunir. La petite fille qui écoute la radio dans une pièce vide se tient tout près de la femme qui essaie de réunir des fonds ou qui supplie qu’on lui achète des pages de publicité. La très jeune femme en sari aux yeux fardés de khôl rencontre dans un miroir le regard de la femme en jeans et lunettes de soleil, quinze ans plus tard. Le moi anxieux engoncé dans un trench devant le Plaza écoute un moi plus âgé qui prend la parole lors d’une manifestation. Une grande fille de douze ans aux joues rondes marche à mes côtés dans une rue ensoleillée; elle regarde les vitrines, savoure mon cornet de glace et se sent remarquablement heureuse.
 
Nous sommes tant de nous-mêmes différents. Ce n’est pas seulement l’enfant d’il y a longtemps en nous qui a besoin de tendresse et d’acceptation, mais aussi la personne que nous étions l’année dernière, celle que nous voulions être hier, celle que nous avons essayé de devenir le temps d’un boulot ou d’un hiver, dans une histoire d’amour ou dans une maison où maintenant encore, nous pouvons fermer les yeux et respirer l’odeur des pièces.
 
Ce qui lie entre eux ces moi infiniment changeants, aux réactions et aux retours infinis, c’est: il y a toujours une voix intérieure authentique.
 
Faites-lui confiance.
 
~Mona Chollet ~
Partager cet article
Repost0
23 avril 2022 6 23 /04 /avril /2022 22:26

Rester neutre face à l’injustice, c’est choisir le camp de l’oppresseur.
~ Desmond Tutu

Partager cet article
Repost0
17 décembre 2019 2 17 /12 /décembre /2019 14:36

L'entourage et même parfois les professionnels chargés de lutter contre les violences conjugales ont du mal à comprendre pourquoi les femmes victimes ne quittent pas systématiquement leur conjoint violent. Des ressorts psychologiques sont à l’œuvre. Explications.
Les victimes de violence conjugales ont le plus souvent du mal à quitter leur conjoint violent. Le nombre de décès, deux femmes au moins chaque semaine en France, permet à lui seul d'expliquer la crainte qui les maintient au domicile. Question de survie. Incontestablement. Mais certains mécanismes psychologiques expliquent aussi cette "inertie" apparente. Grâce à l’éclairage de Saba Lignon, psychologue à l'hôpital de Moissac et au travail de Marie-France Hirigoyen, on vous propose 6 clés pour comprendre pourquoi les victimes restent.

1. Le cycle de la violence


Les violences psychologiques et/ou physiques ne sont pas continues. Elles font partie d'un cycle toujours identique en 4 étapes... Bons moments (lune de miel) - Tensions : la victime sent qu'elle doit tout contrôler car l'auteur peut exploser à tout instant/ elle vit un stress très intense - Explosion - Repentance : l'auteur s'excuse en rejetant la faute sur l'extérieur puis, de plus en plus, sur la victime.

"Lors de la lune de miel, la victime a envie de croire qu'on peut tout effacer. Cette phase renforce le lien qui l'unit à l'auteur, explique Saba Lignon. Elle se dit : "au fond, il est gentil".

La violence s'insinue progressivement. Elle s'aggrave à chaque cycle telle une spirale. La victime croit que les choses vont s'améliorer : "si je change des choses chez moi, tout peut s'arranger".
 

2. L'emprise


Plus le temps passe, plus l'auteur parvient à faire douter la victime de ses capacités et de son analyse de la situation. Plus elle reste, plus il parvient à lui inculquer ses paroles. Des paroles qui la mettent en cause, lui font porter la responsabilité de son agressivité. L'emprise de l'auteur va l'empêcher de comprendre ce qui se passe.

"Le cerveau fait face à cette situation incompréhensible : la maison est un lieu de sécurité, de refuge où l'on devrait être soutenu et protégé par celui qu'on aime. Or c'est le lieu de la violence la plus extrême. C'est inconcevable pour le cerveau qui déconnecte : c'est l'état de sidération. Objectif : protéger la victime émotionnellement pour éviter qu'elle ne soit submergée. "

"Cette déconnection des émotions est un des symptômes du stress post-traumatique. Elle explique que les victimes puissent avoir un discours confus quand elles parlent des violences, affirme Saba Lignon. Ou bien elles racontent des choses horribles sans émotion comme si elles n'étaient pas là, ce qui fait douter de leur crédibilité".
 

3. Inversion de culpabilité


"L'inversion de culpabilité est une stratégie de l'auteur. Utilisée consciemment par le pervers narcissique pour jouir de la destruction de sa victime, et le plus souvent inconsciemment par l'immature (et c'est le plus grand nombre), afin de pallier sa grande faille narcissique. ll manque terriblement de confiance en lui".

Dans ce cas, il a besoin du regard de l'autre pour exister car lui n'en vaut pas la peine. Il a aussi besoin de dominer l'autre et, surtout, qu'on ne le contredise pas. "Quelqu'un qui le contredit, c'est comme s'il lui disait qu'il est nul" observe la psychologue. 

Être violent, ce n'est pas valorisant pour lui, donc il essaie de persuader l'autre que c'est de sa faute. Au début, ça ne fonctionne pas, mais avec le temps, jour après jour, la victime finit par le croire. Au bout du compte, elle se dit : "Je suis responsable, pourquoi je partirais ?"
 

4. Impuissance apprise


"Quand je suis face à une situation et que le résultat est toujours négatif quoi que je fasse, je me résigne. Je ne fais plus rien" affirme Saba Lignon. Des scientifiques ont prouvé que c'est une constante chez l'humain. Il s'agit aussi d'une forme de protection. "Quand je ne réponds pas à la violence par la violence, ça se calme plus vite".

Les victimes apprennent donc à ne pas réagir. C'est une stratégie de survie, une adaptation à la situation. Cette réponse est bonne à court terme mais elle ne fait qu'augmenter la violence. "J'accepte des choses de plus en plus graves".

Saba Lignon estime d'ailleurs que les violences sexuelles sont présentes dans au moins 40% des situations de violences conjugales, mais les victimes les taisent. Parfois, elles ne réalisent pas qu'un consentement est indispensable dans toute relation, y compris si on est marié. Le "devoir conjugal" se révèle un viol conjugal dans bien des situations.
 

5. Perte d'énergie vitale et dépression


Plus une personne est victime, plus elle va dépenser d'énergie pour tout contrôler. Le stress est constant car elle anticipe ce qui va se passer sans savoir quand ni comment ça va exploser. Même si les violences sont psychologiques, le contexte est tout aussi délétère.

"L'être humain est fait pour gérer le stress à court terme, explique Saba Lignon. Or le fait d'avoir peur en permanence, de ne pas avoir prise sur ce qui se passe crée une tension permanente qui épuise la victime. La dépression va arriver quand je m'épuise, je perds confiance en moi. Plus le temps passe, plus cela va m'user physiquement et psychologiquement". 
 

6. Volonté de protéger les enfants 


Les victimes sont souvent persuadées que les enfants ont besoin de leur père et de leur mère pour grandir harmonieusement. "Elles ne voient pas que la violence touche les enfants directement. Elles prennent aussi en compte la sécurité financière et se disent : je vais partir de la maison et on va se retrouver dans un centre d'hébergement d'urgence...", deux arguments qui les maintiennent au domicile", constate la psychologue. 

Les enfants sont très attachés à voir leur parents ensemble, quel que soit le contexte. Les femmes en tiennent compte. Mais le danger est qu'ils intègrent la violence comme une norme et puissent avoir du mal plus tard à construire une relation harmonieuse".

"Souvent les femmes réagissent quand les enfants sont victimes de coups, ajoute Saba Lignon. Mais même témoins, ils sont très impactés de voir leur mère dénigrée par leur père. Ils présentent les mêmes symptômes que s'ils étaient directement victimes de violence".

 


Par Christine Ravier
https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/feminicides-pourquoi-femmes-victimes-violence-restent-leur-conjoint-1748533.html?fbclid=IwAR0xTQGjpLjpEYgVdUBu1jsK3W4j-KrfSDKtzBgdBa-F_SLbMNIixHlvqR8

Partager cet article
Repost0
24 novembre 2019 7 24 /11 /novembre /2019 15:11

Je commence 'mal' (ah ah jugement, culpabilité, auto-sabotage !) : je cite un passage que je viens de lire (je n'ai pas lu le livre, j'ai lu le passage)

Ce passage nomme un des endroits où je me situe en ce moment, mieux sans doute que je l'aurais nommé. Autrement aussi : avec les mots de l'auteur et non les miens...

 

«Ce qui empêche de vivre, ce n’est pas l’événement qui s’est passé quand on avait huit ans, ce sont les cinquante ans d’imaginaire, de critique, de refus, de jugement, de culpabilité, etc. C’est cela qui détruit le psychisme, ce n’est pas l’événement.
Jacques Lusseyran, déporté au camp de Buchenwald, n’a pas été détruit après y être resté un an et demi. Il raconte comment des gens, après quinze jours, étaient affectés. Jamais plus ils ne pourraient vivre autrement. Voilà un témoignage ultime, à lire, à relire, à comprendre, pour vivre avec cette compréhension. “Et la lumière fut” : voilà l’un des grands livres de ce siècle.
L’événement ne compte pas, c’est la façon dont on y fait face. Le traumatisme est dans l’image, c’est ce que l’on crée à chaque instant. On croit avoir besoin de souffrir. Comment puis-je vivre alors que ma femme m’a quitté ? Comment puis-je vivre alors que j’ai un cancer ? Comment puis-je vivre alors que ceci, cela ? C’est une histoire. L’événement ne compte pas.
C’est très difficile à admettre.
On base sa vie sur cette image qui justifie la dépression : mais quand même, j’ai bien le droit d’être déprimé, quand on voit mon père, ma grand-mère, quand on voit ma vie. On essaie toujours de justifier la souffrance, on lutte pour le droit à la souffrance ; c’est cela l’existence humaine.
Si l’on vous dit : “vous n’avez aucune raison d’être déprimé, il n’y a aucune justification de souffrir, c’est totalement une création”, bien sûr, c’est difficile à entendre. Mais c’est encore plus difficile de vivre dans cette image. Alors tôt ou tard, il faut l’entendre et se rendre compte que lorsque l’on ne prétend plus souffrir, à l’instant on est libre. En un instant, il n’y a plus de psychologie, plus d’histoire. Il n’y a plus rien à accomplir dans sa vie, plus rien à devenir, plus rien à éviter.
Mais il faut accepter que toute notre vie, toute notre histoire, est uniquement une fabrication fantasmagorique. Cela n’a aucune réalité, c’est uniquement une prétention.»


Eric Baret, «Le Sacre du Dragon Vert», Editions Almora

Partager cet article
Repost0
22 juin 2017 4 22 /06 /juin /2017 11:37

Bon Jour !

il y a quelques jours, ou quelques semaines maintenant, j'ai lu un article sur le sommeil différent des autres articles que j'avais pu lire jusque là : un contexte historique.
Je n'ai plus les détails, ce que j'ai retenu c'est que la nuit de sommeil telle qu'on nous la présente aujourd'hui comme étant 'normale' (entre 7 et 11 heures, disons, il me semble) a été inventée au 18è siècle !
Avant ça, selon l'article, 'on' dormait le plus souvent en 2 fois : un premier temps après le repas du soir (au moment du 'coupe de barre') puis 'on' se réveillait, puis un deuxième temps avant le lever du soleil.
J'imagine donc que cela pouvait varier selon la saison, et cela me parait très logique, respectueux des cycles internes et externes.

Depuis cette lecture, ma vie a changé : je ne me questionne plus sur pourquoi je suis réveillée au milieu de la nuit, sur est ce que j'aurais assez dormi le lendemain matin pour vivre ma journée, je ne me dis plus que j'ai des problèmes de sommeil ou d'endormissement ou de ré - endormissement : quand je dors, je dors et quand je suis éveillée je suis éveillée !

Cela change TOUT !

PS : que faisait 'on' pendant les heures d'éveil de milieu de nuit ? l'article disait 'on' lisait, jouait, mangeait, se reposait, s'aimait, se promenait dehors...

PS 2 : j'ai retrouvé l'article : http://www.books.fr/linvention-de-nuit-de-huit-heures/

Partager cet article
Repost0
6 janvier 2016 3 06 /01 /janvier /2016 14:10

Ne me dis pas


Ne me dis pas qui je suis, où je vais.

Je suis une inconnue à moi même, ne me mets pas dans une case. Je tâtonne d'un délice à un autre, d'épreuves en apprentissages. Je grandis pour découvrir que ma part inaltérable a toujours vécu dans l'ombre des artifices. Belle, bobo, Y, prolo. Intello, hippie, aristo, gourde ou Verseau. Tellement plus subtile, plus ténu. Je suis une œuvre d'art qu'aucun ne pourra jamais ensacher.

Je ne supporte plus les vérités toutes faites, celles que l'on va écouter bouche bée persuadé que l'autre a tout compris, tout réussi. Nous sommes tous un point de vue unique sur le monde. Nous vivons tous une expérience extraordinaire.

Ne me dis pas le pourquoi de la vie, laisse moi juste gouter au plaisir d'être moi.

(* lu sur Moodstep.com *)

(** me parle aujourd'hui **)

(*** Une bonne année à toi et à tous tes proches, plein de promesses... ! ***)

Partager cet article
Repost0
22 juillet 2015 3 22 /07 /juillet /2015 23:37

Source : http://www.crepegeorgette.com/2015/07/22/mensonges-faits-aux-femmes/
(22 juillet 2015)

Les mensonges faits aux femmes

Hier, une jeune femme a eu la très agréable surprise de constater que, dans le métro, un homme avait tranquillement sorti son pénis et était en train de se masturber en la regardant. Elle a eu le courage de le prendre en photo et de la publier sur facebook afin de montrer ce qui peut arriver à toute femme effectuant n'importe quel trajet.
Cette photo m'a passablement marquée car il est assez rare de voir un agresseur sexuel en pleine action. On en parle, on donne leur nom, on dit ce qu'ils ont fait mais ils restent souvent dans l'esprit de beaucoup d'hommes comme des sortes de monstres, d'anormaux, qui n'ont rien à voir avec eux. La photo faisait la démonstration qu'un trentenaire bien habillé peut être un agresseur sexuel.
Ce qui frappe également dans cette photo est que nous sommes dans un lieu très fréquenté et qu'il se sent en totale impunité, ce qu'il est visiblement ; la jeune femme a appelé la police qui lui a signalé parfaitement connaitre ce personnage. On est fort heureuse de savoir que la police le connait depuis un moment. Colette Guillaumin disait que même les kleptomanes se cachent pour accomplir leurs méfaits et force est de constater que les agresseurs sexuels n'en font pas autant car, comme elle le signale, les femmes sont une propriété collective dont les hommes peuvent au fond bien faire ce qu'ils veulent, il n'y aura jamais de véritable conséquence à leurs actes. Lorsqu'elle a présenté le plan contre le harcèlement dans les lieux publics, Pascale Boistard a souligné que des publicitaires travailleraient sur des affiches pour dénoncer les agressions sexuelles, "pas forcément sur le ton de la morale". C'est vrai qu'il serait honteux de moraliser les agresseurs sexuels. Le fait est qu'au fond notre société n'est pas bien sûre qu'un homme qui vous met la main aux fesses n'est pas dans son bon droit ; alors il ne faut pas trop faire la morale aux hommes n'est-ce-pas. Il faut y aller doucement et ne pas trop perturber leurs habitudes ; les femmes peuvent bien attendre un peu plus que la lumière se fasse sans moralisation. Comme nombre d'hommes me l'ont déjà dit ; "le problème est que les féministes veulent l'égalité trop rapidement".

Lorsqu'une femme témoigne avoir été agressée, les réactions masculines sont de deux ordres (si on écarte évidemment les accusations de mensonge, qui constituent en général une bonne moitié des réactions). Les hommes expliquent d'abord ce qu'ils auraient fait s'ils avaient été là. Cela va du coup de pied retourné en pleine tête à la castration du dit agresseur ; c'est à se demander pourquoi je joue à ce point de malchance, comme la majorité des femmes que je connais, pour, chaque fois que j'ai été agressée, n'avoir jamais eu le soutien d'aucun homme. Sans doute n'ai je pas pris la bonne rame de métro, celle où se concentrent tous les hommes courageux qui savent ce qu'ils auraient fait et savent ce que j'aurais du faire.
Soit ces hommes expliquent ce que la femme aurait du faire. Et là on est visiblement dans une incompréhension totale. Les femmes sont éduquées dés leur plus jeune âge à avoir peur, ce qui ne veut pas dire, dieu merci, que certaines n'arrivent pas à dépasser cette peur ; ce qui n'est absolument pas le cas des hommes qui sont plutôt éduqués à être intrépides et à ne jamais manifester leur peur. Ceux qui d'ailleurs ne rentreraient pas dans le le schéma du parfait homme viril, seraient rapidement remis en place et harcelés jusqu'à ce qu'ils n'aient plus peur ; c'est en effet la grande logique du système patriarcal qui encourage les hommes à harceler ceux qui ne rentrent pas dans le moule viril pour qu'ils n'aient plus peur et à harceler les femmes pour qu'elles se tiennent à leur place par peur.
Nos parents, notre famille, nos connaissances, la télévision nous expliquent qu'il est hautement probable qu'un violeur nous attende à chaque coin de rue. On nous lit Le petit chaperon rouge où l'on apprend que même si l'on se conduit bien, même si l'on respecte ses aînés en allant les soutenir lorsqu'ils sont malades, le danger rôde toujours autour des femmes, dés leur plus jeune âge. C'est un premier mensonge puisqu'on sait bien que les agressions sexuelles et viols sont toujours davantage commis par des connaissances.
Beaucoup de femmes commencent ainsi à limiter leurs mouvements. Pour ma part j'ai commencé à 14 ans. Un jour sur le chemin du collège j'entends un sifflement ; je me retourne et j'avise un homme nu en train de se masturber à la fenêtre. J'en ai parlé à mes parents qui ont fait preuve d'une étonnante indifférence comme s'il était normal qu'un homme agresse sexuellement une gamine ; j'ai donc changé de chemin et rallongé mon parcours. J'avais bien intégré à 14 ans que cela n'est pas à l'agresser de changer de comportement mais à moi de modifier mon trajet ; et ma foi si j'avais fait le choix de ne pas changer de trajet on m'aurait sans doute dit que je n'avais pas à me plaindre puisque je tenais absolument à passer par là. C'est vrai quelle attitude saugrenue que de ne pas vouloir lâcher un pouce de terrain.

Le second mensonge réside dans le fait qu'on enseigne aux femmes combien ces quelques centimètres de chair sont menaçants. Il y a une quinzaine d'années la féministe Germaine Greer avait questionné des femmes ayant été confrontées à un exhibitionniste. Elle avait été surprise de noter que la plupart avait éprouvé un sentiment de peur panique. Greer soulignait qu'un homme qui exhibe son pénis se met en situation de vulnérabilité et qu'il n'était donc pas rationnel que ces femmes aient peur. Il n'était évidemment pas question pour elle de les culpabiliser mais de montrer combien les femmes sont éduquées à être face à une agression dans un état de peur paralysante qui les rend incapables de se défendre.
Irène Zeilinger cite ainsi une histoire édifiante : "En 1966, à Chicago, un certain Richard Speck entra par effraction dans une maison où habitaient des élèves infirmières. Neuf étaient présentes, huit d’entre elles sont mortes entre ses mains au cours de la soirée. Il était seul. Il n’avait pas d’arme. Il les a enfermées dans une pièce où il est venu chercher ses victimes l’une après l’autre, pour les emmener dans une autre pièce où chacune a été ligotée, puis étranglée. Elles savaient qu’il voulait toutes les tuer. Elles avaient la possibilité de parler entre elles pour développer une stratégie commune. Mais pas une seule fois, semble-t-il, ces jeunes femmes n’ont pensé : « Nous sommes plus nombreuses que lui, on ne se laissera pas faire, nous ne voulons pas mourir. » Une seule a eu la présence d’esprit de se cacher sous un lit – ce fut le seul acte de résistance – et elle a survécu. Il n’avait pas compté ses victimes…

C’est un horrible exemple de l’importance de l’autodéfense mentale : pour pouvoir se défendre, il faut d’abord détruire les mythes d’impuissance et de faiblesse, les déséquilibres de pouvoir réels et imaginaires qui voudraient nous condamner à être victimes, qui nous rendent victimes sans même que l’agresseur ait besoin de lever le petit doigt.

Pourquoi cette histoire a-t-elle pu se produire de cette manière ? À mon avis, il n’est pas indifférent que les victimes aient été uniquement des femmes. Imaginez-vous la même situation un peu différemment : un assassin entre, seul et sans arme, dans une maison où habitent neuf étudiants ingénieurs. Il est difficile de concevoir que tous se seraient laissé faire, sans résistance, sauf un qui se serait caché. Ou, si vous voulez, imaginez encore un autre scénario : l’assassin entre dans une maison où, en plus des huit infirmières, un autre homme est présent. Que ce serait-il passé ?

D’où vient la différence ? Cela ne peut pas être uniquement une question de force physique, car même si les femmes sont considérées comme moins fortes que les hommes, neuf femmes sont sûrement plus fortes qu’un seul homme. Il faut chercher ailleurs. Ce qui fait cette différence entre femmes et hommes par rapport à la violence, c’est quelque chose qui se passe dans la tête. C’est une conséquence de l’éducation et de la socialisation différenciées des femmes et des hommes, c’est une conséquence du genre."


Le troisième mensonge consiste à dire aux femmes qu'il vaut mieux ne rien faire lorsqu'elles sont agressées car sinon cela sera pire. Comme on nous a déjà enseigné que le viol est la pire chose qui peut nous arriver ; les femmes sont donc face à des situations incompréhensibles et intenables à vivre. Irene Zeiliger souligne combien il est curieux de confier son sort à quelqu'un qui se prépare à vous agresser comme s'il savait mieux que vous ce qu'il faut faire.
C'est peut-être ici qu'est la plus grande trahison faite aux femmes.
Reprenons donc.
On nous enseigne que le viol est un danger qui touche toutes les femmes, spécialement celles qui se "comportent mal". On ne nous explique pas vraiment ce qu'est mal se comporter puisque les règles varient au cours des années et des personnes. On ne nous prévient absolument jamais que le danger va plutôt venir d'une connaissance que d'un inconnu. Ainsi si cela nous arrive, on se dira qu'on a forcément mal fait quelque chose ou mal compris cet acte.
Et là, face à ce danger qu'on nous a présenté comme si grand, comme si affreux, comme détruisant la vie des femmes et de leur famille, on ne nous enseigne pas à nous défendre. Dés notre enfance nous sommes conditionnées à avoir peur, à ne pas nous battre, à attendre. Des études ont montré que face à une menace imminente de viol (un homme qui vous saute dessus avec l'intention évidente de vous violer), la meilleure chance de l'éviter est de hurler et de se battre ; si l'on ne fait rien le risque d'être violée est grand tout comme si l'on supplie. Et pourtant, y compris dans l'armée américaine, où les femmes sont entraînées au combat, on nous a enseigné à ne rien faire ce qui est le moyen le plus sûr d'être violée.
Poussons davantage.
On enseigne aux femmes qu'elles ont un fort risque d'être violées, que cela sera dramatique pour elle mais qu'elles ne doivent surtout pas apprendre à se défendre. Ainsi dés leur enfance on inhibe leurs attitudes jugées agressives et on les pousse de gré ou de force à adopter des attitudes douces dites féminines. C'est à croire mais il faudrait un bien vilain esprit pour cela, que les violences sexuelles ne sont au fond pas si importantes socialement parlant. Les femmes s'en accommodent ; il y a bien 75 000 viols par an (dont une écrasante majorité de femmes) ; on finit donc par faire avec. Comme le disait Paglia, si la seule chose que vous trouvez pour nous empêcher d'être violée est de nous enfermer alors "laissez nous l'être".
Les hommes sont tellement occupés à ce que toute discussion sur le viol précise bien qu'on ne parle pas d'eux et ne leur demande aucun changement d'attitude qu'on va bien finir par se dire qu'ils s'en moquent complètement. Alors certes quand on va leur parler d'une agression subie, ils vont remuer les bras en tout sens en disant que "la prochaine fois ils seront là" mais gageons que cela n'ira pas beaucoup plus loin.

Alors que faire me direz vous ?
Les femmes doivent avoir davantage confiance en elles. Cela parait un bête conseil de développement personnel et pourtant c'est capital. Beaucoup d'hommes sont persuadés que les femmes passent leur temps à fourbir des plans machiavéliques pour les accuser de viol. Dans la réalité, les femmes agressées passent leur temps à se demander si elles ne sur-interprétent pas, si elles n'ont pas mal agi ou envoyé un signe à l'agresseur. Dans la réalité une femme qui a 15 cm de pénis en érection collé contre sa cuisse, va souvent être saisie de peur et de demander si elle ne se trompe pas, si elle ne va pas déranger les gens en faisant un scandale, si on va la croire, si elle ne fait pas des histoires pour rien.

Quant aux hommes, il convient avant tout de leur apprendre à ne pas violer. C'est à la fois simple et visiblement quasi impossible.
pour le reste : Dworkin le dit mieux que moi
- " Se cacher derrière la culpabilité, c’est ma préférée. J’adore cette raison-là. Oh c’est horrible, oui, et je suis si désolé. Vous avez le temps de vous sentir coupable. Nous n’avons pas le temps que vous vous sentiez coupables. Votre culpabilité est une forme d’acquiescement à ce qui continue d’arriver. Votre culpabilité aide à maintenir les choses telles qu’elles sont.

J’ai beaucoup entendu parler ces dernières années de la souffrance des hommes sous le régime sexiste. Bien sûr, j’ai beaucoup entendu parler de la souffrance des hommes toute ma vie. j’ai lu Hamlet, bien sûr ; j’ai lu Le Roi Lear. Je suis une femme cultivée. Je sais que les hommes souffrent. Mais il y a un nouveau truc. Vous souffririez, cette fois, d’être informés de la souffrance d’autres personnes. En effet ce serait nouveau.

Mais en gros votre culpabilité, votre souffrance, se réduit à : bah, nous nous sentons vraiment très mal. Tout contribue à ce malaise si profond des hommes: ce que vous faites, ce que vous ne faites pas, ce que vous voulez faire, ce que vous ne voulez pas vouloir faire mais que vous allez faire quand même. Je pense que votre angoisse se résume à : bah, nous nous sentons vraiment très mal. Et je suis désolée que vous vous sentiez si mal, si inutilement et bêtement mal, parce que d’une certaine manière, c’est cela votre tragédie. Et je ne dis pas que c’est parce que vous ne pouvez pas pleurer, et je ne dis pas que c’est parce qu’il n’y a pas de réelle intimité dans votre vie. Et je ne dis pas cela .parce que l’armure avec laquelle vous vivez en tant qu’hommes est abrutissante : et je ne doute pas qu’il en soit ainsi. Mais je ne dis rien de cela."

Partager cet article
Repost0
30 novembre 2014 7 30 /11 /novembre /2014 19:17

" Ce ne sont pas les faits en eux-mêmes , si terribles ou horribles soient-ils , qui nous font souffrir.

La souffrance vient de ce que l'on n'a pas pu montrer ses sentiments, ni en parler, ni le hurler, ni en pleurer, ni le partager, et qu'on a tout enduré en silence. Cette souffrance prend sa source dans le secret, tel un "cadavre dans le placard", voire un fantôme qui crie vengeance ou demande à être reconnu et pleuré."


Anne Ancelin Schützenberger

Partager cet article
Repost0
22 septembre 2014 1 22 /09 /septembre /2014 12:43

La femme, à l’état naturel, n’est pas dépendante de l’homme. Elle l’aime. Et en Amour, il n’y a ni dépendance, ni attachement, ni peur de perdre. La femme est le principe passif, qui exerce une attirance. Elle est un aimant vivant auquel on ne peut résister. Elle attire à elle l’homme approprié qui va l’aimer véritablement et de façon divine.

 

- Faire l’Amour de manière divine, Barry Long

Partager cet article
Repost0